L'ordre mixte
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L'ordre mixte
Réponse à une question posée sur les forums du jeu d'histoire.
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Ce n'est pas Guibert qui a inventé l'expression « ordre mixte » – j'ai vérifié grâce à Gallica : le mot « mixte » ne figure pas dans son traité de tactique – alors qui ?
Par contre, Guibert a inventé le moyen de changer rapidement de formation, moyen tellement efficace qu'après avoir été moqué par les Prussiens, il sera adopté par toutes les nations à partir de 1808. Ce sont les fameuses colonnes « à la Guibert » comme les appelaient les soldats français.
Si ça peut t'aider, ce n'est pas tellement l'alternance qui compte mais la façon dont elle est utilisée et ça, ça ne figure dans aucun livre. En effet, l'utilisation des formations et des manœuvres était du domaine du secret. Comme, par exemple, « la colonne de cavalerie » prussienne, voir ci-dessous.
En tout cas, c'est ce qui se passe dans Silex & Baïonnette.
C'est simple :
– il faut mettre toutes les mesures à la même échelle : vitesses de déplacement, portées de tir et emprises des unités ;
– les unités, surtout l'artillerie, tirent droit devant elles (c'est plus complexe pour l'artillerie, mais je n'entre pas dans les détails) ;
– les boulets traversent les rangs ;
– il faut rendre l'efficacité des tirs d'écharpe et d'enfilade (ça, c'est prioritaire, d'ailleurs je pense que ces tirs ne font pas encore assez mal dans S&B).
Dans les armées dites régimentaires, donc avant la création de la division par de Broglie, toutes les unités en première ligne étaient en ligne.
Si un bataillon ou régiment avançait tout seul, ses flancs n'étaient pas couverts, donc, toute la ligne devait avancer.
Des généraux avaient trouvé des solutions mais à un niveau très élevé, c'était une aile complète qui manœuvrait et si elle échouait c'est toute l'armée qui déroutait. Regardez par exemple, la « colonne » anglaise à Fontenoy.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c1/Plan_de_la_bataille_de_Fontenoy_remportée_le_11_mai_1745.jpg
C'est toute l'aile droite anglaise qui est en ordre mixte : les régiments sont en ligne sur le front et en colonne sur les flancs, prêts à passer en ligne par le flanc pour faire face à la cavalerie.
Frédéric le Grand va utiliser l'ordre oblique déjà connu pendant l'Antiquité. Le flanc de l'unité qui avance est couvert par l'unité qui est en retrait (l'autre flanc est couvert par une avant-garde). Là, c'est toute l'armée qui avance mais après avoir manœuvré pour se mettre (ou essayer) sur un flanc de l'armée ennemie.
Arrivent les subdivisions mises en place par le maréchal de Broglie, pérenniser par Carnot puis Napoléon : les divisions et les brigades (voire régiment s'il comporte plusieurs bataillons).
Une brigade ou une division peut sortir de la ligne de bataille pour attaquer un point particulier : les unités sur le front sont en ligne, celles sur le flanc en colonne ouverte, prêtes à passer en ligne par le flanc.
Ainsi, les divisions et les brigades sont autonomes, le général en chef garde des divisions en réserve, d'infanterie pour boucher le trou s'il arrive malheur à la division qui attaque, de cavalerie pour exploiter la percée, l'artillerie de la division qui attaque se met en place dès que possible pour effectuer des tirs d'écharpe ou d'enfilade si les lignes ennemies sont traversées.
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Ce n'est pas Guibert qui a inventé l'expression « ordre mixte » – j'ai vérifié grâce à Gallica : le mot « mixte » ne figure pas dans son traité de tactique – alors qui ?
Par contre, Guibert a inventé le moyen de changer rapidement de formation, moyen tellement efficace qu'après avoir été moqué par les Prussiens, il sera adopté par toutes les nations à partir de 1808. Ce sont les fameuses colonnes « à la Guibert » comme les appelaient les soldats français.
Oui, je comprends. J'ai moi-même une adaptation de Silex à l'échelle du 6 mm qui sommeille dans un dossier sur mon disque dur.Par ailleurs, comme mes socles représentent le régiment, je ne peux pas alterner ligne et colonne à volonté… du coup, il faut que je le simule via les règles.
Si ça peut t'aider, ce n'est pas tellement l'alternance qui compte mais la façon dont elle est utilisée et ça, ça ne figure dans aucun livre. En effet, l'utilisation des formations et des manœuvres était du domaine du secret. Comme, par exemple, « la colonne de cavalerie » prussienne, voir ci-dessous.
Ceux qui connaissent le passage de colonne ouverte à ligne par le flanc, auront compris.Une autre tactique de cavalerie a été suggérée au roi par l'expérience de Hohenfriedberg en 1745. C'est la formation très secrète (on en parle comme un mystère religieux) de la « colonne de cavalerie ». Le principe paraîtra très simple à l'époque de la Révolution et de l'Empire, mais l'expérience fortuite semble être une révélation pour les officiers prussiens. Le lieutenant général Gessler, commandant les dix escadrons des dragons de Bayreuth, se tenait en réserve. Il remarqua soudain que la première ligne d'infanterie avait creusé une brèche entre les villages de Günthersdorf et de Thomaswaldau. Il conduisit alors son régiment en colonne par escadron dans cette brèche et se déploya sur les flancs de la deuxième ligne d'infanterie autrichienne. 20 bataillons furent pulvérisés en 20 minutes ! Dans les Principes de 1748, Frédéric II applaudit l'initiative. Dès l'instruction de 1753, il théorise la manœuvre en associant dragons et hussards ; le but de la colonne est d'augmenter la vitesse et la cohésion du mouvement pour éviter les tirs d'artillerie, mais l'opération n'est possible que si l'ennemi ne dispose pas d'une réserve de cavalerie toute proche. Le redéploiement en ligne est en effet très risqué.
À mon humble avis, si l'artillerie est bien rendue dans une règle tactique, les joueurs adopteront très vite l'ordre mixte !Mon opinion n'est pas forgée, mais je suis assez enclin à penser que plus c'est compliqué, moins c'est mis en œuvre…
En tout cas, c'est ce qui se passe dans Silex & Baïonnette.
C'est simple :
– il faut mettre toutes les mesures à la même échelle : vitesses de déplacement, portées de tir et emprises des unités ;
– les unités, surtout l'artillerie, tirent droit devant elles (c'est plus complexe pour l'artillerie, mais je n'entre pas dans les détails) ;
– les boulets traversent les rangs ;
– il faut rendre l'efficacité des tirs d'écharpe et d'enfilade (ça, c'est prioritaire, d'ailleurs je pense que ces tirs ne font pas encore assez mal dans S&B).
Dans les armées dites régimentaires, donc avant la création de la division par de Broglie, toutes les unités en première ligne étaient en ligne.
Si un bataillon ou régiment avançait tout seul, ses flancs n'étaient pas couverts, donc, toute la ligne devait avancer.
Des généraux avaient trouvé des solutions mais à un niveau très élevé, c'était une aile complète qui manœuvrait et si elle échouait c'est toute l'armée qui déroutait. Regardez par exemple, la « colonne » anglaise à Fontenoy.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c1/Plan_de_la_bataille_de_Fontenoy_remportée_le_11_mai_1745.jpg
C'est toute l'aile droite anglaise qui est en ordre mixte : les régiments sont en ligne sur le front et en colonne sur les flancs, prêts à passer en ligne par le flanc pour faire face à la cavalerie.
Frédéric le Grand va utiliser l'ordre oblique déjà connu pendant l'Antiquité. Le flanc de l'unité qui avance est couvert par l'unité qui est en retrait (l'autre flanc est couvert par une avant-garde). Là, c'est toute l'armée qui avance mais après avoir manœuvré pour se mettre (ou essayer) sur un flanc de l'armée ennemie.
Arrivent les subdivisions mises en place par le maréchal de Broglie, pérenniser par Carnot puis Napoléon : les divisions et les brigades (voire régiment s'il comporte plusieurs bataillons).
Une brigade ou une division peut sortir de la ligne de bataille pour attaquer un point particulier : les unités sur le front sont en ligne, celles sur le flanc en colonne ouverte, prêtes à passer en ligne par le flanc.
Ainsi, les divisions et les brigades sont autonomes, le général en chef garde des divisions en réserve, d'infanterie pour boucher le trou s'il arrive malheur à la division qui attaque, de cavalerie pour exploiter la percée, l'artillerie de la division qui attaque se met en place dès que possible pour effectuer des tirs d'écharpe ou d'enfilade si les lignes ennemies sont traversées.
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