Cours d'Art Militaire (page 25) : Combiner les corps

À partir de la page 25 a écrit: Jusqu’ici nous nous sommes occupés des éléments des armées, voyons comme il faut les combiner pour former des corps.
Le soldat fait d’abord partie d’une compagnie, dont la forme est relative à la quantité d’hommes, dont un seul chef peut surveiller à tous les instants la conduite, l’armement et la subsistance. Cette unité, qui répond au manipule des Romains, a varié de 150 à 100 hommes, suivant diverses organisations. Elle est maintenant fixée à 148, soit 150 hommes dans l’infanterie ; autrefois, dans la cavalerie, deux compagnies étaient réunies en un seul escadron pour l’administration comme pour la manœuvre, aujourd'hui on a adopté l’escadron-compagnie, dont la force totale peut s’élever au plus à 150 hommes.
Afin de faciliter la transmission des ordres, on réunit sous le commandement d’un seul chef autant de ces unités qu’on en peut ranger en bataille sur l’espace que la voix de l’homme parcourt avec une force suffisante pour qu’on en distingue bien les sons, ou autant qu’on peut en faire marcher en ligne sans trop grandes fluctuations ; l’expérience a limité cet espace à 150 mètres et entre 700 et 1000 le nombre de fantassins qu’on peut y ranger en bataille ; en conséquence, dans l’infanterie, on a composé cette nouvelle unité dite bataillon, de six compagnies formant ensemble environ 900 hommes, réunis sous les ordres d’un chef de bataillon ou major. Les chevaux occupant en ligne une étendue double à peu près du fantassin et étant formés sur 2 rangs seulement dans la cavalerie, où le commandement de l’escadron est confié à un capitaine de 1re classe, trois escadrons réunis, ou 450 hommes, sont commandés par un officier supérieur. Enfin, quatre bataillons d’infanterie, ou 3000 hommes, et 6 escadrons de cavalerie, ou 900 chevaux, forment un régiment, commandé en ligne par un colonel. La force de ces régiments est portée par les dépôts et les non-combattants à 3800 hommes pour l’infanterie, et à 1150 hommes pour la cavalerie. Deux ou trois régiments forment une brigade ; deux ou trois brigades une division.
Je viens de vous dire les stipulations de l’organisation moderne le plus généralement suivie, mais les mêmes dénominations n’expriment nullement la même chose partout. Par exemple, chez les Anglais, un régiment a souvent seulement 6 à 700 hommes et n’excède jamais 1000 hommes. Quand vous verrez, dans les historiens, la force d’une armée évaluée en bataillons et en escadrons (et c’est ce que font tous ceux du XVIIIe siècle), il ne faudra guère compter que 600 hommes pour un bataillon et 120 chevaux pour un escadron ; faute de cette observation essentielle, on prendrait les idées les plus fausses sur la force des armées de Louis XIV et des coalitions qui les combattaient.

Thierry M. a écrit:Le bataillon est à 6 compagnies sur 3 rangs en Belgique en 1845.