Les manœuvres et la surprise !
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Silex & Baïonnette :: L'Homme au combat : technologie de l'armement et formations adaptées :: Discussions historiques – Notes de conception
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Les manœuvres et la surprise !
Je vous conseille vivement de lire : [Portugal 1807-1808] Une campagne (anglaise) tronquée.
Un récit de Bruno Masson qui, en plus de sa qualité d'écriture, nous démontre que, oui, lors d'une bataille c'est bien le moral qui mène la danse et qu'il est donc très important de reproduire les schémas de manœuvres tactiques si on veut créer une bonne règle de simulation !
———
Ceci dit, ça me fait un mal de chien de lire le récit de cette bataille même si c'est très bien écrit par Bruno.
Mon côté franchouillard en prend un bon coup sur la calebasse.
Je suis trop sensible.
Un récit de Bruno Masson qui, en plus de sa qualité d'écriture, nous démontre que, oui, lors d'une bataille c'est bien le moral qui mène la danse et qu'il est donc très important de reproduire les schémas de manœuvres tactiques si on veut créer une bonne règle de simulation !
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Ceci dit, ça me fait un mal de chien de lire le récit de cette bataille même si c'est très bien écrit par Bruno.
Mon côté franchouillard en prend un bon coup sur la calebasse.
Je suis trop sensible.
Re: Les manœuvres et la surprise !
Petit ajout :
Bruno n'a pas francisé les termes anglais mais, comme le savent les joueurs de S&B , les armées manœuvrent toutes de la même façon puisque dès qu'une innovation apparaît elle est aussitôt copiée (par exemple les croquis du livret de manœuvres russe de 1810 sont identiques à ceux du livret français de 1799 mêlés à quelques manœuvres prussiennes d'après 1807).
Bruno n'a pas francisé les termes anglais mais, comme le savent les joueurs de S&B , les armées manœuvrent toutes de la même façon puisque dès qu'une innovation apparaît elle est aussitôt copiée (par exemple les croquis du livret de manœuvres russe de 1810 sont identiques à ceux du livret français de 1799 mêlés à quelques manœuvres prussiennes d'après 1807).
Re: Les manœuvres et la surprise !
Merci Thierry
Attention sur la généralisation trop rapide du copiage de ce que font les copains.
Manoeuvrer sur le champ de bataille requiert des automatismes acquis par de longues heures d'entrainement (ce sont les victoires de 1805-1807 réalisées par des troupes ayant passé plus d'un an à Boulogne à ne faire que ça).
L'exemple même est aussi le manuel autrichien de 1805 qui n'a pas été suffisament acquis par les troupes (pourtant en 1 an) avec les conséquences que l'on sait.
Les officiers peuvent tenter de recopier ce qui se fait en face, mais l'apprentissage est long et fastidieux. Je te renvoi au film "gods en generals" qui explique assez bien ce qui se passe.
Les armées apprenent mais lentement, très lentement.
Je serais donc prudent sur le "aussitot" car il me semble qu'il y a entre entre le manuel français et le russe de 1811 le manuel russe utilsé dans les campagnes de 1805-1807 qui est beaucoup plus limité.
"Copier" en campagne n'est possible que pour des unités d'élite (garde) et officiers géniaux (ce qui est assez rare), sinon le copiage se fait entre campagnes pour intégrer les pratiques adverses et corriger ce qui ne marche pas (exemple de l'armée française après la guerre de 7 ans, qui est transformée en "machine à tuer" à l'issu et qui permet l'indépance américaine quelques années plus tard).
Attention sur la généralisation trop rapide du copiage de ce que font les copains.
Manoeuvrer sur le champ de bataille requiert des automatismes acquis par de longues heures d'entrainement (ce sont les victoires de 1805-1807 réalisées par des troupes ayant passé plus d'un an à Boulogne à ne faire que ça).
L'exemple même est aussi le manuel autrichien de 1805 qui n'a pas été suffisament acquis par les troupes (pourtant en 1 an) avec les conséquences que l'on sait.
Les officiers peuvent tenter de recopier ce qui se fait en face, mais l'apprentissage est long et fastidieux. Je te renvoi au film "gods en generals" qui explique assez bien ce qui se passe.
Les armées apprenent mais lentement, très lentement.
Je serais donc prudent sur le "aussitot" car il me semble qu'il y a entre entre le manuel français et le russe de 1811 le manuel russe utilsé dans les campagnes de 1805-1807 qui est beaucoup plus limité.
"Copier" en campagne n'est possible que pour des unités d'élite (garde) et officiers géniaux (ce qui est assez rare), sinon le copiage se fait entre campagnes pour intégrer les pratiques adverses et corriger ce qui ne marche pas (exemple de l'armée française après la guerre de 7 ans, qui est transformée en "machine à tuer" à l'issu et qui permet l'indépance américaine quelques années plus tard).
buriefr- Possesseurs S&B
- Messages : 674
Date d'inscription : 11/03/2014
Re: Les manœuvres et la surprise !
Cher Alain, merci d'amener la contradiction qui me force à sortir mes « biscuits pour la route » !
Comme tu le sais, ça fait plus de 25 ans que je m'intéresse à l'Art Militaire à l'époque napoléonienne ; et ça fait 20 ans que je m'intéresse à l'évolution des technologies (armement et manœuvres) de la période silex et baïonnette, 1700-1830. J'ai donc accumulé de la documentation, tellement que j'ai parfois du mal à la retrouver !
Comme tu le sais, ça fait plus de 25 ans que je m'intéresse à l'Art Militaire à l'époque napoléonienne ; et ça fait 20 ans que je m'intéresse à l'évolution des technologies (armement et manœuvres) de la période silex et baïonnette, 1700-1830. J'ai donc accumulé de la documentation, tellement que j'ai parfois du mal à la retrouver !
Il suffit de lire la Correspondance de Davout : tome 2, page 197, pour constater qu'après la campagne de Pologne (1807) les officiers et sous-officiers russes apprennent à manœuvrer comme les Français, donc, dès 1808 ils « copient » la technologie française des changements de formation !buriefr a écrit:Attention sur la généralisation trop rapide du copiage de ce que font les copains.
Re: Les manœuvres et la surprise !
Il faut dissocier l'entraînement du soldat de l'entraînement des officiers.buriefr a écrit:Manœuvrer sur le champ de bataille requiert des automatismes acquis par de longues heures d'entraînement (ce sont les victoires de 1805-1807 réalisées par des troupes ayant passé plus d'un an à Boulogne à ne faire que ça).
Le soldat apprend à marcher tout droit et en oblique, à tourner d'un quart à droite et à gauche, à faire demi-tour et à reculer de trois pas. C'est tout et il faut un mois pour ça.
Les sous-officiers sont là pour obtenir l'alignement des rangs et des files de leur peloton.
Les officiers doivent donner les commandements pour faire manœuvrer les pelotons de leur bataillon.
Et enfin, les officiers supérieurs doivent apprendre à manier leurs régiments, brigades ou divisions.
Le plus long est la formation des officiers supérieurs car il faut réunir un grand nombre de bataillons sur un grand terrain !
Le camp de Boulogne a permis aux officiers supérieurs d'apprendre à manœuvrer les masses et de mettre au point des manœuvres plus ou moins sophistiquées : un bataillon en ligne, deux en colonne, interpénétration, etc.
Certains officiers généraux créant même leurs propres manœuvres, comme Ney.
Re: Les manœuvres et la surprise !
Merci Thierry de me conforter dans mon analyse.
Le processus russe est long : il commence en 1808 - les officiers apprennent par roulement - et se termine vers 1810-1811 (2 à 3 ans) lorsque tous les régiments maîtrisent les nouvelles techniques. Il aurait pu commencer dès 1806, mais cela n'a pas été le cas - on ne change pas de cheval au milieu du gué.
En Autriche, le réglement de 1805 est refusé par le Gal Cdt l'armée d'Italie, car il sait que ses troupes ne pourront pas l'assimiler avant la rencontre avec les Français.
Et c'est bien la cohorte de sous-officiers qui fait que la manoeuvre du bataillon est réussie, c'est eux qui maintiennent les écartement et qui font qu'au final, le bataillon est bien aligné. Le soldat - comme le sait tous ceux d'entre-nous qui ont pratiqué l'ordre serré dans leur jeunesse - doit être lobotomisé par un dressage sévère et rigoureux pour obtenir un comportement mécanique et automatique lors des mouvements. En France (moderne) il fallait plusieurs mois a mina pour obtenir ce résultat avec des manoeuvres simples (tout droit et pivot) - et encore pas exceptionnel le résultat.
Ney a pondu ses manoeuvres, mais il en a aussi réduit le nombre, de façon à être certain que les manoeuvres de base seraint bien exécutées sur le terrain (voir ses mémoires).
Nous sommes donc en phase ....
Le processus russe est long : il commence en 1808 - les officiers apprennent par roulement - et se termine vers 1810-1811 (2 à 3 ans) lorsque tous les régiments maîtrisent les nouvelles techniques. Il aurait pu commencer dès 1806, mais cela n'a pas été le cas - on ne change pas de cheval au milieu du gué.
En Autriche, le réglement de 1805 est refusé par le Gal Cdt l'armée d'Italie, car il sait que ses troupes ne pourront pas l'assimiler avant la rencontre avec les Français.
Et c'est bien la cohorte de sous-officiers qui fait que la manoeuvre du bataillon est réussie, c'est eux qui maintiennent les écartement et qui font qu'au final, le bataillon est bien aligné. Le soldat - comme le sait tous ceux d'entre-nous qui ont pratiqué l'ordre serré dans leur jeunesse - doit être lobotomisé par un dressage sévère et rigoureux pour obtenir un comportement mécanique et automatique lors des mouvements. En France (moderne) il fallait plusieurs mois a mina pour obtenir ce résultat avec des manoeuvres simples (tout droit et pivot) - et encore pas exceptionnel le résultat.
Ney a pondu ses manoeuvres, mais il en a aussi réduit le nombre, de façon à être certain que les manoeuvres de base seraint bien exécutées sur le terrain (voir ses mémoires).
Nous sommes donc en phase ....
buriefr- Possesseurs S&B
- Messages : 674
Date d'inscription : 11/03/2014
Re: Les manœuvres et la surprise !
Ah ?buriefr a écrit:Merci Thierry de me conforter dans mon analyse.
Bon, ben si tu le dis ça doit être vrai.
Je vais arrêter la discussion ici, je n'ai pas vocation à convaincre à tout prix du bien-fondé d'un raisonnement issu de mes lectures de documents contemporains.
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